(Actualisé avec démission proposée par le cardinal Barbarin)
par Catherine Lagrange
LYON, 30 janvier (Reuters) - Le cardinal Philippe Barbarin a
été relaxé jeudi en appel du chef de "non dénonciation
d'agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans" pour
lequel il avait été condamné en première instance à six mois de
prison avec sursis le 7 mars 2019.
Le primat des Gaules avait été jugé coupable d’avoir gardé
le silence sur les agressions sexuelles commises sur de jeunes
scouts, entre les années 1980 et 1990, par un prêtre du diocèse,
le père Bernard Preynat, qui a été destitué par l'Eglise en
juillet dernier et a été jugé récemment. La décision pour ce
dernier sera rendue le 16 mars.
Le jugement de la cour d'appel de Lyon est conforme aux
réquisitions du parquet qui avait demandé la relaxe lors de
l’audience du 29 novembre dernier, considérant que le cardinal
"n’avait pas la volonté ni la conscience d’entraver la justice".
Le cardinal Barbarin, 69 ans, qui n’était pas présent devant
la cour d’appel pour entendre le jugement, a annoncé plus tard
dans la journée avoir renouvelé sa demande de démission du
diocèse de Lyon auprès du pape François.
"En mars, François a refusé ma démission, maintenant, je
vais lui renouveler ma demande", a-t-il annoncé au cours d’une
très courte allocution prononcée dans une salle du diocèse de
Lyon.
Il a dit avoir pris acte "avec sérénité, de l’arrêt de la
cour d’appel de Lyon".
"Une page se ferme, et va s'ouvrir un nouveau chapitre à
Lyon", a-t-il ajouté, précisant qu'il continuerait de prier pour
les victimes.
Ses défenseurs avaient salué pour leur part une victoire du
droit sur la "rumeur publique, la calomnie et l’injustice",
selon les termes employés par Maître Jean-Félix Luciani.
"La souffrance que le cardinal a éprouvée et la compassion
pour les victimes montrent qu’il faut être plus lucide dans
notre société. On ne peut pas dire tout et n’importe quoi", a
réagi à la sortie de l’audience maître André Soulier, également
avocat du cardinal Barbarin.
POURVOI EN CASSATION
Les avocats des plaignants ont annoncé pour leur part qu’ils
allaient se pourvoir en cassation.
"La cour d’appel de Lyon est extrêmement originale car elle
dit qu’on n’a pas obligation de dénoncer des violences sexuelles
sur mineurs une fois que le mineur est devenu majeur", s’est
étonné maître Jean Boudot, conseil de Mathieu Farcot, l'une des
victimes du père Preynat.
"On n’est pas du tout à la hauteur de la réalité des abus
sexuels sur mineurs dans cette société", a observé de son côté
François Devaux, autre victime du père Preynat et président de
l’association de "La Parole Libérée", qui a révélé cette
affaire.
En janvier 2019, le cardinal Barbarin avait été condamné à
la surprise générale par le tribunal correctionnel de Lyon à une
peine de six mois d’emprisonnement avec sursis alors que le
parquet n’avait pas requis de condamnation.
Il avait comparu à la suite d’une citation directe engagée
par les parties civiles, anciennes victimes du père Preynat,
réunies au sein de l’association "La Parole Libérée".
Ils reprochent au cardinal de ne pas avoir dénoncé les faits
d’agressions sexuelles connus et répétés pendant plus de vingt
ans sur les jeunes scouts de la paroisse Saint-Luc de
Saint-Foy-les-Lyon entre les années 1970 et 1990.
L’ancien prêtre, âgé de 74 ans, aujourd’hui rendu à l’état
laïque par l’Eglise, a comparu devant le tribunal correctionnel
de Lyon entre les 13 et 17 janvier derniers. Le parquet a requis
une peine supérieure à 8 ans de prison à son encontre. Il risque
au maximum dix ans de prison et 150.000 euros d’amendes. Son
jugement a été mis en délibéré au 16 mars.
(édité par Jean-Michel Bélot)
France-Le cardinal Barbarin relaxé en appel
information fournie par Reuters 30/01/2020 à 17:58
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